Après Guibert : le sida et la genèse de la littérature queer (1991-2021)

La théorie queer postule que la sexualité et le genre d’un individu ne dépendent pas de son sexe biologique, mais sont façonnés par son environnement socioculturel. En particulier, elle examine la manière dont s’expriment des sexualités subordonnées au sein d’un ordre hétéronormatif dominant afin de se rapprocher de cet ordre (p. ex. par le phénomène de l’homonormativité) ou éventuellement de le perturber et de le renverser. Le séminaire donne une introduction à la théorie queer et analysera un certain nombre de textes francophones contemporains qui mettent en question l’ordre hétéronormatif, l’identité sexuelle et le genre. Ces textes portent notamment sur les conflits de l’individu avec les structures hétéronormatives figées de la société, de la religion et de la famille. D’un point de vue historique, le séminaire abordera également la question de l’émergence des associations queer et d’une littérature ‘homosexuelle’ à la suite de la crise du sida : Quels conflits existent en France entre les politiques identitaires et une identité nationale égalitaire qui relègue le sexuel à la sphère privée ? Existe-t-il une ‘littérature homosexuelle’ ou seulement une ‘littérature sur l’homosexualité’ ? Comment les différents niveaux de discrimination se croisent-ils et la littérature peut-elle les rendre visibles ? Si tel est le cas, comment la littérature le fait-elle ? Ouvre-t-elle des contre-discours ? On étudiera des texte d’auteur.e.s français.es et francophones, comme Hervé Guibert, Catherine Mavrikakis, Guillaume Dustan, Abdellah Taïa, Édouard Louis, Fatima Daas.

Le séminaire coopère avec un séminaire de master d’Annika Nickenig, qui porte sur le thème des infections (« Literatur und Ansteckung »). Ensemble, nous organiserons un atelier les 17 et 18 décembre sur Hervé Guibert.